La fille seule dans le vestiaire des garçons
Hubert Ben Kemoun
Editions Flammarion
"Une fois de plus, Enzo, le beau gosse du collège, tente lourdement de séduire Marion. Et une fois de plus, la jeune fille le repousse. Sauf que ce jour-là, les choses dérapent : suite à un coup de pied mal placé de Marion, Enzo lui jure qu’il se vengera. Habile, il parvient à gagner sa confiance et à la troubler… pour mieux la trahir : une vidéo filmée à son insu, où elle se laisse embrasser par lui, est diffusée dans tout le collège. Humiliée, Marion se laisse gagner par la rage."
A la base du mal-être de Marion et de sa solitude, il y a un parent déficient, un père qui a abandonné sa famille pour vivre sa vie sans eux, en les oubliant.
"Si j'avais eu un père, il serait venu rectifier la tronche de ces quatre salopards. Il les aurait chopés un par un ou ensemble pour leur faire payer l'affront fait à sa fille. Ensuite, en quelques mots justes, pour me rassurer, il aurait aussi su me faire croire que je valais mille fois mieux qu'eux et que je restais la plus exceptionnelle du monde. Et j'aurais tout gobé, de la première à la dernière syllabe. Si j'avais eu un père, je n'aurais pas fait cela. Ou pas ainsi. Seule, je devais me débrouiller seule."
Si Marion est seule en collège, elle l'est aussi en quelque sorte chez elle. Sa mère est quasi absente, accro aux sites de rencontre et surtout peu à l'écoute de sa fille.
La relation que je trouve la plus belle dans le livre est celle entre Marion et son jeune frère. "Mon jeune frère apprenait à compter après avoir appris qu'il ne pouvait plus compter sur son père." Même si je ne pouvais pas m'empêcher de ne pas trouver la façon de parler du jeune garçon très crédible, j'ai adoré leurs échanges et les mots que l'auteur met dans la bouche de l'enfant.
"Si j'avais eu un père, il serait venu rectifier la tronche de ces quatre salopards. Il les aurait chopés un par un ou ensemble pour leur faire payer l'affront fait à sa fille. Ensuite, en quelques mots justes, pour me rassurer, il aurait aussi su me faire croire que je valais mille fois mieux qu'eux et que je restais la plus exceptionnelle du monde. Et j'aurais tout gobé, de la première à la dernière syllabe. Si j'avais eu un père, je n'aurais pas fait cela. Ou pas ainsi. Seule, je devais me débrouiller seule."
Si Marion est seule en collège, elle l'est aussi en quelque sorte chez elle. Sa mère est quasi absente, accro aux sites de rencontre et surtout peu à l'écoute de sa fille.
La relation que je trouve la plus belle dans le livre est celle entre Marion et son jeune frère. "Mon jeune frère apprenait à compter après avoir appris qu'il ne pouvait plus compter sur son père." Même si je ne pouvais pas m'empêcher de ne pas trouver la façon de parler du jeune garçon très crédible, j'ai adoré leurs échanges et les mots que l'auteur met dans la bouche de l'enfant.
Le roman propose une vision du monde adolescent plutôt sombre. Entre les petites frappes, le mépris ambiant et les jugements, on sent notre héroïne qui patauge littéralement dans la vie au collège. A fleur de peau, paumée et solitaire, Marion va finir par devenir enragée, perdant pied face à la honte ressentie. Le récit est remarquablement bien écrit, j'ai été transportée par le style de l'auteur et immanquablement émue. C'est une longue montée en puissance, angoissante, qui attend le lecteur pour enfin arriver à une conclusion qui apaise, une fin solaire. A lire à partir de 13 ans.