Dave Connis
Editions Milan
Quel
est le point commun entre L'Attrape-cœurs et Hunger Games ?
Ce sont des romans. Des romans interdits dans le
lycée de Clara.
Quand la jeune fille découvre que, depuis des
années, des œuvres y sont censurées sans que personne n'en sache rien, elle
décide d'entrer en résistante.
Son plan ? Monter une bibliothèque clandestine
dans son casier.
Et montrer qu'en aucun cas, les livres ne
peuvent être dangereux.
La première chose qui marque quand on débute Lire est dangereux(pour les préjugés), c'est son originalité. Il est bien rare de voir plusieurs pages d'un récit consacrées à un autre. Certes, Ne me marche pas dessus, livre lu et adoré par notre héroïne, Clara, aux premières pages du roman, est fictif, et son auteur Lukas Gebhardt tout autant, mais nous avons son résumé sur 2 pages.
Clara, la
narratrice, est une passionnée de littérature et pour tout accro aux livres, c'est jubilatoire
de retrouver cette fougue, ce besoin viscéral de lire, dans un roman.
Après un passage
assez plat au début du récit, malgré cet amour des livres partagé avec Clara et
la tension montante liée à la censure dans le lycée, j'ai appris à aimer l'héroïne
et le style de l'auteur. La jeune fille évolue, se remet en question, et
envisage ce à quoi elle croyait dur comme fer sous un autre angle.
"J'ai
l'impression que, si je suis de ceux qui éprouvent de la haine sans même s'en
rendre compte, il se pourrait que je me trompe aussi sur le reste."
"Pour une
obscure raison, j'ai malgré tout l'impression de ne pas être tout à fait
honnête avec moi-même"
Ce roman est
totalement d'actualité. Ce n'est pas une dystopie, contrairement à ce que pourrait laisser penser la lecture du résumé, c'est un roman contemporain. La censure, cette décision
prise par les dirigeants du lycée de supprimer plus de 50 ouvrages de la
bibliothèque et de les interdire dans l'enceinte du lycée (il n'est même pas
autorisé d'en avoir un dans son sac), ne semble-t-elle pas susceptible de se
produire actuellement ? Le ton est d'ailleurs très juste lorsqu'est abordée la
question de s'investir concrètement dans un acte de rebellion ou dans un procès
contre le lycée. Pleine de bonnes intentions et d'envies d'aider les autres et
de sauver la liberté d'expression, Clara se retrouve soudain face à un dilemme.
Doit-elle mettre en péril sa dernière année au lycée et donc sa bourse pour
l'université (et en allant plus loin son futur tout simplement) pour ce combat
?
"C'est bien
plus puissant de choisir d'être heureux en sachant ce qu'est le monde. De se
battre pour lui."
On peut être
très surpris que l'auteur ne tombe pas dans certaines facilités en rajoutant
une couche de romance par-dessus le reste de son histoire. Jusqu'au bout, l'amitié est
privilégiée pour le plus grand plaisir du lecteur. Outre la censure, l'amitié,
l'amour des livres, D. Connis aborde quand même d'autres sujets de société,
particulièrement ceux qui ont de l'importance quand on est un adolescent, comme l'identité sexuelle. Homosexualité, rejet, peur, et même suicide font
partie du récit mais sont intégrés avec finesse, ces thèmes permettent l'évolution de l'héroïne et c'est aussi avec pertinence que l'auteur a trouvé comment les mêler à la thématique des livres.
Lire est
dangereux (pour les préjugés) est un très bon roman sur la liberté d'expression
(mais pas que), le style de l'auteur est très accessible, mon fils de 12 ans me
l'a piqué et a pu le lire sans problème, mais l'éditeur recommande toutefois
une lecture à partir de 14 ans.