lundi 25 février 2019

Amour, gloire et ballet

Amour, gloire et ballet
Anaïs Sautier
Editions L'école des loisirs
La gigotomanie ! Connaissez-vous la chanson de Justin Biboune qui fait gigoter la planète entière ? C'est tout ce que Suzanne déteste : une danse nulle sur des paroles à pleurer qui incite les gens à secouer leurs bras et à remuer leurs fesses dans un grand élan collectif.

Exit les solos ! Exit les duos !

Exit Roméo et Juliette, le pas de deux qu'elle rêve de danser avec Camille, son Roméo à elle. C'est simple : la gigotomanie est à l'exact opposé de tout ce que Suzanne aime apprendre à l'école des petits rats de l'Opéra.

Alors quand on lui annonce que sa classe est invitée au Québec par le créateur de cette danse absurde, son sang de ballerine ne fait qu'un tour. Elle jure de résister à la déferlante gigoto ! Parole de petit rat...

Si on laisse de côté les petits piques au végétarisme, peut-être seulement à imputer au personnage principal (un pré-ado à qui l'on change ses habitudes alimentaires n'est certes pas forcément à prendre avec des pincettes), j'ai beaucoup aimé ce petit roman. Court, rythmé, pas le temps de s'ennuyer en compagnie de Susanne, notre petit rat. Le lecteur passe de la fin d'année scolaire au changement de plan pour l'été en un éclair, et c'est au bal du 14 juillet que l'on découvre la danse qui va donner le tempo au fil des pages, la gigotomanie. Il est plaisant de voir parler d'hypersensibilité, même sur un ton léger, et des réactions corporelles qu'elle peut entraîner. Suzanne a mal à une oreille, son père a les émotions à fleur de peau et pleure facilement, le jeune prodige de la musique
, Justin, a l'oeil qui clignote et bégaie. Le fait que ce soit le père qui pleure et qu'une star puisse être vue comme tout à fait normale, accessible et une sensibilité accrue voire un handicap (le bégaiement) apporte du réalisme au récit et de la modernité. L'auteure est restée mesurée quant à la rivalité entre Suzanne et sa meilleure ennemie Priscille, elle permet ainsi de donner à voir aux enfants que les amitiés et les mésententes peuvent évoluer dans le temps  et qu'il est bon parfois de regarder les autres autrement. 

Un bon roman pour les 11-13 ans. 
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