Sweet Sixteen
Annelise Heurtier
Editions Casterman
"Rentrée 1957. Le plus prestigieux lycée de l'Arkansas ouvre pour la première fois ses portes à des étudiants noirs. Ils sont neuf à tenter l'aventure. Ils sont deux mille cinq cents, prêts à tout pour les en empêcher."
Si le roman n'est pas une bibliographie, le récit s'appuie sur des faits réels. Les personnages ont beau être fictifs et les événements romancés, un parallèle existe entre les 9 étudiants ayant véritablement vécus les événements de cette année 1957 et ceux du livre (ainsi Melba Pattilo devient ici Molly Costello).
Le roman commence et se termine en revenant sur les faits avérés et le contexte historique.
J'ai ressenti d'autant plus de tension à travers le texte sachant que l'histoire était basée sur des faits réels.
L'auteur revient sur les jours précédents la rentrée et l'angoisse monte déjà. On s'attache de suite à Molly et on a sérieusement peur pour elle et sa famille.
"- Ségrégation hier, ségrégation demain ! Pas de nègre avec les blancs !"
"Elles s'étreignirent deux secondes, deux minutes, deux ans."
Le récit se sépare en deux, on suit successivement deux jeunes filles de presque 16 ans.
Molly est l'une de neufs étudiants noirs a rentrer au lycée de l'Arkansas. Une jeune fille simple, qui doute et est souvent dépassée par la situation.
"Pourquoi s'était-elle retrouvée là ? Est-ce que c'était le hasard ? Son destin ? Pourquoi avait-elle levé le doigt, ce jour-là ?"
Si Molly a une personnalité agréable et attachante, Grace n'attire pas, dans un premier temps, la sympathie du lecteur. C'est une jeune fille blanche de bonne famille qui est assez futile. Elle semble tout de même plus touchée par les agressions dont sont victimes les noirs que toutes les autres personnes qu'elle côtoie. Il s'agit d'un personnage qui évoluera beaucoup et surtout qui amène la nuance nécessaire au texte et permet d'éviter tout manichéisme.
Au cours de ma lecture, j'ai parfois eu du mal à refréner mes larmes devant tant d'espoirs déçus. J'ai toutefois apprécié que le récit n'aille pas trop loin, ne joue pas d'une surenchère de violence et de détails difficiles. Non, l'auteur évite tous les écueils. Cela permet une lecture dès 12 ans. D'ailleurs, l'éditeur dit de ce roman que c'est "La couleur des sentiments" pour les adolescents. Même si je n'ai pas lu le best seller de Kathryn Stockett, cela me paraît tout à fait approprié et de toutes façons Sweet Sixteen est à faire lire aux ados.
Le style d'Annelise Heurtier est très fluide. Elle écrit remarquablement bien (j'avais aimé "La fille aux cheveux d'encre" et adoré "Le carnet rouge"). Sitôt commencé, impossible de lâcher le roman, je l'ai dévoré d'une traite, totalement prise dans l'action.
Le livre donne envie d'aller plus loin et de consulter d'autres ouvrages traitant du sujet.
En cherchant un peu sur le net, on tombe vite sur les photos des neufs étudiants (au risque de me répéter ceux qui ont inspirés les personnages fictifs de Sweet Sixteen)...
Une autre photo correspond bien à l’atmosphère de tension et de brutalité de l'époque et qui colle parfaitement au récit...
Vous l'aurez compris, c'est un roman que je vous recommande chaudement.
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