lundi 12 octobre 2020

Taxonomie de l'amour

Rachael Allen

Editions Bayard

« Chose à savoir sur Hope Birdsong, ma nouvelle voisine : je suis sûr à genre 80% qu'elle a des pouvoirs magiques. Elle fait peur à des brutes deux fois plus grandes qu'elle, elle aime grimper dans les arbres, ses cheveux sentent le chèvrefeuille en fleur, et elle ne se moque pas de mon syndrome de La Tourette.

Spencer a été diagnostiqué comme porteur du syndrome de la Tourette. Il a des tics qui l'obnubilent, des haussements d'épaules intempestifs, des vocalisations involontaires, et parfois des crises musculaires violentes qui s'apparentent à l'épilepsie. "Les gens comprennent qu'il y a quelque chose d'anormal, même s'ils ne savent pas quoi." 

Il a quelques particularités, des intérêts limités qui contribuent à le mettre à l'écart ainsi il aime établir des listes, des classifications, et il adore mettre les noms de son entourage sur ses cartes Magic. Il vit avec son père, un poil réac, sa belle-mère, super sympa et la reine des cookies, sa grand-mère, assez fun mais qui aurait mérité d'être plus présente dans l'histoire, et son grand Dean, un grand idiot qui correspond presque en tous points à l'image stéréotypée des lycéens sportifs américains. Lorsque le récit démarre, Spencer n'a que 12 ans, il est petit, malingre, et il se fait agresser régulièrement par les autres adolescents de son quartier et au collège. 

J'ai apprécié toutes les réflexions du héros autour de son handicap car j'ai pu me projeter en tant que maman d'enfants handicapés (donc vraiment je le conseille aux enfants dys et autistes car ils s'y reconnaîtront) mais le rythme du récit était trop lent à mon goût. Il faut dire qu'il ne se passe pas grand chose. On les voit grandir et c'est très agréable. On les regarde évoluer. Mais le roman aurait mérité d'être plus court. Par contre, ça donne bien l'impression que le temps passe et on ne peut pas reprocher à l'autrice de trop accélérer la romance. 

Spencer est donc tombé amoureux d'Hope dès le premier regard. Cette fille qui a le même âge que lui mais qui semble posséder une sorte d'aura (du moins pour lui), qui s'intéresse à sa personne, l'intègre dans ses jeux et ses sorties, prend rapidement une place immense dans son cœur. Hope a une mère pompier, un père effacé (il est très peu mentionné), et une grande sœur, Janie, qui fait du bénévolat dans des pays du tiers-monde. Le récit n'est d'ailleurs pas seulement focalisé sur Spencer. On a aussi des échanges d'email ou de lettres entre les sœurs Birdsong et des pages du journal intime d'Hope. C'est surprenant de voir passer les jeunes gens de 12 à 15 ans en seulement 80 pages. Au bout de ces trois années, Hope et Spencer sont désormais les meilleurs amis du monde. Hope est devenu une belle jeune fille qui intéresse les garçons au grand désespoir de notre héros. Finalement, Hope commence à sortir avec Dean, peut-être juste parce que tout est plus simple avec lui. En parallèle, Spencer commence à prendre des médicaments qui certes l'aident car ils amoindrissent ses tics mais intérieurement ils lui font péter les plombs. Lorsque la vie d'Hope s'effondre, Dean n'assure pas bien entendu. 

Comme dit plus haut, je le recommande chaudement aux adolescents porteurs d'un handicap. Les dys, les autistes asperger, et bien entendu ceux ayant le syndrome de la Tourette, non seulement se reconnaîtront dans le héros, dans ses maladresses, dans ses peines, et ses douleurs mais le récit sera pour eux synonyme d'espoir. Oui, Spencer a grandi dans l'incompréhension de ses proches, oui, il a été harcelé, oui, il n'avait pas d'amis à l'école et au collège. Mais tout peut changer, progressivement, après des épreuves, la vie peut s'améliorer. En faisant des activités qui lui ressemblent, en participant à des clubs, Spender va découvrir l'amitié, va apprendre à s'affirmer, et bien entendu va trouver l'amour. 

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