Jennifer
Mathieu
Editions
Milan
ETE 1986, Ile de Mariposa, Texas Chaque
été, Elena Finney fait du baby-sitting pour la famille Callahan. C'est le seul
moyen pour elle d'échapper quelques heures à sa mère, possessive, manipulatrice
et incontrôlable. C'est le seul moyen pour elle de voir son petit ami en
cachette. Joaquin Finney a, lui aussi, un secret : il prévoit de quitter l'île
pour rejoindre un père inconnu qui, d'après Mamita, vivrait en Californie.
Ce plan, il n'en a parlé à personne, excepté à sa soeur. Mais
si Elena craque et avoue tout à Mamita... que se passera-t-il ?
J'avais adoré Moxie de la même autrice. Je ne pouvais pas passer à côté de la lecture de son dernier roman. Sous ses aspects de thriller, Les Menteurs de Mariposa n'en est pas un, nous sommes dans un récit
familial. Plongé dans les années 80, le lecteur découvre cette famille
dysfonctionnelle formée de seulement 3 personnes, une mère et ses deux grands
adolescents. En dehors de son travail, Caridad se noie dans l'alcool.
Impatiente, impulsive, sûrement bipolaire et maniaco-dépressive, elle n'a rien
de bien sympathique ni d'une bonne mère. Il faudra attendre la toute fin du
récit pour qu'elle paraisse plus humaine. Joaquim est gentil mais il est
égoïste. Il ne pense qu'à lui-même et à son père disparu. Il fait peu d'efforts
pour ne pas mettre sa mère en colère alors même que c'est sa sœur qui en subit
ensuite les conséquences. Elena est fliquée heure après heure par sa Mamita. Sa
vie est morne et injuste. Son frère peine à se rendre compte de la différence de
traitement entre lui et sa sœur. S'il n'est pas très heureux d'avoir une mère
alcoolique, il n'a pas à se soumettre aux impératifs de ménage et d'horaire.
Le récit est non linéaire avec différents
flash-backs. Le récit s'appuie sur l'exil forcé de Caridad. Entre 1960 et 1962,
plus de 14 000 enfants cubains ont été contraints de quitter leur pays. Il
s'agit même d'un des déplacements de mineurs non accompagnés les plus
importants du XXe siècle. Caridad passe alors d'une fillette choyée à ce
qu'elle considère comme une vie de domestique dans sa famille d'accueil
américaine. Quant à Joaquim et Elana, ils sont au carrefour de leur vie cet été
là. Les secrets, les tromperies, les manipulations vont atteindre leur apogée.
Ils sont engagés dans un cercle vicieux et infernal. J'ai rarement lu un roman
pour ados et jeunes adultes aussi déprimant. ^^" Le récit est pessimiste
du début à la fin, la cruelle réalité qui rythme le quotidien des différents
protagonistes s'abat sur le lecteur. Peut-être que le roman se termine trop tôt
car même si la fin est ouverte, c'est cette morosité qui domine, comme si un
destin noir immuable s'abattait sur les personnages.
A découvrir à partir de 14 ans.