Patricia MacLachlan
Editions L'école des loisirs
C’est la fin de l’été. Larkin, ses parents, sa grand-mère, et son ami Lalo regardent partir le dernier ferry pour le continent. À partir de maintenant, l’île leur appartient de nouveau, à eux et aux autres insulaires. Pourquoi, cette année, ressentent-ils ce moment comme un abandon ? Est-ce à cause de ce drame récent dont personne ne parle, mais qui occupe l’esprit de chacun ? « Il faudrait que quelque chose de nouveau et d’excitant arrive », dit Byrd, la grand-mère. Le destin la prend au mot. Posé sur le gravillon de l’allée qui mène à leur maison, il y a un panier. Dans ce panier, il y a un bébé qui pleure.
Qu'est-ce
que vous feriez si vous trouviez un panier avec un bébé dedans ? L'amener
directement au commissariat le plus proche ou décider d'en prendre soin comme
le souhaite la mère dans la lettre qu'elle a laissée ? "Je vous ai
observés. Vous serez une bonne famille pour elle. Je la perdrai pour toujours
si vous ne faites pas ça, alors, par pitié, gardez-la. [...] Je reviendrai la
chercher un jour."
𝑵𝒐𝒖𝒔 𝒔𝒐𝒎𝒎𝒆𝒔 𝒕𝒐𝒖𝒔 𝒔𝒂 𝒇𝒂𝒎𝒊𝒍𝒍𝒆 est un très beau roman sur le deuil
et plus précisément sur la perte d'un nourrisson. À travers cette petite fille
quelque peu tombée du ciel, cette famille va se reconstruire car une faille a
été laissée quelques mois auparavant lorsqu'est mort-né leur second enfant. Le
récit est remarquablement bien écrit. Les mots sont importants, pour exprimer
la souffrance, la partager, ne surtout pas la taire et faire de la perte un
sujet tabou. "Les mots. [...] Sais-tu que les mots ont une vie bien à eux
? Ils voyagent dans les airs à la vitesse du son, vivent leur petite vie, et
disparaissent. Comme les ronds dans l'eau lorsqu'on lance une pierre au milieu
d'une mare." Au fil des pages, les personnages vont arriver à s'ouvrir et
à dire les mots, ceux qui réconfortent, qui soignent les maux du coeur. Ils
vont progressivement retrouver le chemin vers ceux qui disent le bonheur et la
joie.
Le roman est paru pour la première fois en 1994
(1993 pour la vo) mais peut-être parce que l'histoire se passe sur une île,
peut-être grâce à la plume mais je n'ai pas senti de décalage par rapport à
l'époque où c'est censé se passer.
J'ai eu un gros coup de coeur pour ce livre que
j'ai acheté un peu au hasard, profitant de la sortie en poche (d'ailleurs,
mention spéciale pour les éditions poche des éditions l'école des loisirs ! Pas
de perte de qualité, les pages ne sont pas ultra-fines comme on peut le
constater chez d'autres éditeurs, que c'est agréable !).