mercredi 8 juillet 2020

Je ne meurs pas avec toi ce soir

Kimberly Jones
GILLY SEGAL
editions Milan

Lorsqu'une dispute entre un lycéen noir et un lycéen blanc se transforme en émeute raciale et gagne la ville, Campbell, blanche, et Lena, noire, camarades qui se connaissent à peine, fuient le lycée et traversent la ville ensemble pour aller retrouver le petit ami de Lena. Ces heures angoissantes sont pour elles l'occasion d'apprendre à se connaître et à dépasser leurs préjugés.


Je me suis régalée ! 

Le récit se développe avec l'alternance des points de vue entre Lena et Campbell. Une alternance qui apporte du rythme et un regard différent sur les événements et sur les gens. Lena est une jeune fille populaire, et branchée. Elle est entourée de copines et elle a un petit copain, surnommé Black en raison de sa peau très foncée, qui cherche à percer dans la musique. Campbell est un peu à l'opposé avec une façon de parler et de se comporter assez timorée. Elle vient d'aménager chez son père, qu'elle connait très peu, lorsque sa mère l'a laissée en plan pour partir travailler à l'étranger. Loin de ses amis du club d'athlétisme, elle se sent décalée en permanence. C'est lors d'une rencontre sportive que les deux filles, qui jusqu'alors se contentaient de parcourir les mêmes couloirs du lycée, se retrouvent coincées ensemble et prises dans la tourmente. Campbell servait à la buvette (enrôlée de force par une prof et son père) et Lena venait prendre un verre quand une altercation a lieu suite à des injures racistes prononcées par un élève d'un autre lycée. "Banania", "macaque", à partir de ces deux insultes tout s'amplifie rapidement et la terreur s'installe. D'une bagarre entre lycéens, on passe à des coups de feu tirés par des policiers, puis à une émeute. 
"On peut toujours compter sur la police pour envenimer n'importe qu'elle situation." 
L'autrice décrit ses scènes avec précision, tout semble se dérouler sous nos yeux. Le rythme est haletant dès les premières pages. C'est assez surprenant de réaliser que durant les soixante-dix premières pages constituant la première partie, l'action se déroule exclusivement dans une buvette car même dans ce lieu qu'on devinne étroit, l'action est bel et bien là et la tension de l'extérieur est extrêmement présente. On voit l'avantage que ce soit un tome unique, l'autrice va à l'essentiel. 
J'ai adoré le suspense grandissant. Bien entendu la problématique du racisme a toute sa placce dans ce récit. Le racisme décomplexé mais le racisme ordinaire aussi, celui plus insidieux qui peut passer inaperçu mais qui fait tout aussi mal. 
Si au départ Lena traite mal Campbell, lui marche dessus comme les autres, et se montre condescendante en la surnomant Becky, elle n'hésite pas non plus à prendre sa défense. Mieux, au fil des pages, les deux jeunes filles deviennent de vraies alliées, malgré leurs idées préconçues l'une sur l'autre. 
J'ai dévoré les pages le plus vite possible, la lecture m'a paru tellement rapide, je ne me suis pas ennuyée une seconde. Quelle tristesse une fois le récit terminé. Je voulais tellement continuer de suivre la vie de ces deux filles. 

C'est un roman vibrant, puissant, qui résonne encore plus fort au travers de l'actuel mouvement Black Lives Matter. Un véritable coup de cœur




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