dimanche 22 septembre 2019

Ghost

Jason Reynolds
Editions Milan
 Ghost est le surnom de Castle, gamin noir des quartiers pauvres qui trouve que son prénom est une drôle d'ironie quand on vit dans la misère. Sans compter qu'il donne une occasion de plus de se faire harceler. Le lycée n'est pas une partie de plaisir entre retenues et exclusions pour avoir fait taire les grandes gueules...
"Castle, pourquoi tes fringues sont si grandes ? Pourquoi ton futal il est si petit ? Pourquoi tu t'appelles Castle comme un château ? Pourquoi t'as toujours cette odeur comme si t'avais marché 100 bornes pour venir jusqu'ici ? Pourquoi on a l'impression que quelqu'un t'a coupé les cheveux avec un couteau à beurre ?"


Un soir, en traînant, le jeune garçon tombe sur un cours privé de sprint et s'incruste dans l'une des courses. Arrivé au coude à coude avec le meilleur coureur, il se fait donc accepter par le coach et sa vie va alors prendre un autre tournant lui permettant de laisser derrière lui son lourd passé. On comprendra pourquoi courir pour lui est naturel.


Jason Reynolds, auteur de l'excellent Long Way Down (chronique ICI), nous revient avec un roman moins sombre et porteur d'espoir.
 On retrouve quand même la patte de l'auteur, certes le rythme n'est pas aussi saccadé mais son personnage est issu du même milieu. Son style est particulier. Rien que la première page ne commence pas de façon habituelle. Nous sommes plongés dans les pensées de notre héros et qu'est-ce qu'il raconte ? Il nous parle du record du monde du nombre de ballons de baudruche gonflé... avec le nez. Le ton est donné ? Plus ou moins en fait. On n'est pas loin parfois de l'humour d'un Journal d'un dégonflé ou de Tom Gates mais on sent dès le départ que ça va être plus piquant. Ghost s'adresse à nous, il nous inclut dans ses délires et invite à ressentir de l'empathie pour lui. 
Dès les premières pages, l'événement traumatique qui lui a appris à courir nous est dévoilé et on sent que ce gosse est marqué par ou pour la vie. 
Ce qui est génial, c'est que l'ambiance n'est pas morose, le gamin a une vie de merde mais il garde la niaque et une sorte d'optimisme à toutes épreuves. Par contre, pour la colère, c'est une autre histoire. 
Ghost vous l'aurez compris est terriblement attachant avec sa vie pas facile et son langage de "djeune". L'auteur fait aussi bien attention à nous le rendre crédible, il n'a pas un bagage linguistique très riche, et par exemple s'il sèche les cours, un adulte s'en étonnera. Des petits détails que beaucoup d'auteurs oublient quant à eux mais que Jason Reynold ne laisse pas de côté. 
Ghost est aussi trop mignon, surtout quand il parle de sa mère et quand il a des attentions pour elle. 
Le récit parle de course régulièrement, forcément, mais même les parties autour du sport donnent le sourire soit grâce aux dialogues entre les coureurs soit au travers des commentaires de Ghost.
Je ne pensais pas passer un aussi bon moment à cette lecture, l'auteur est allé au delà de mes espérances. Un coup de cœur. 

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