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mercredi 11 février 2015

Mentine, tome 1

Mentine, tome 1 : Privée de réseau
Jo Witek 
Margaux Motin 
Editions Flammarion 
Collection Père Castor
Mentine adore dépasser les limites, surtout celles de ses parents !
-9,5 ! a hurlé papa avec une tête de serial killer. Ma fille a sauté deux classes, a le QI d'Einstein et elle n'obtient pas la moyenne à son passage en troisième ! Dans ces conditions ce sera donnant donnant. Une année scolaire pourrie égale un été pourri.
C'est comme ça que j'ai été privée de mon stage de surf et de mes copines. La sentence et tombée : mon père me condamnait à deux mois d'exil dans le Larzac. J'allais me retrouver sous la flotte à bouffer du fromage de chèvre dans un horrible sweet en polaire.

La lecture d'un roman n'est pas linéaire, on peut aimer le début, adorer le milieu pour finalement détester la fin... ou le contraire. Pour Mentine, ce serait plutôt la seconde option en moins radicale toutefois. Le départ m'a déstabilisée. Partant de mon propre vécu de maman d'un enfant précoce, je n'ai pas retrouvé mon fils dans l'héroïne. Mentine à la langue trop pendue qui certes a 2 ans d'avance sur ses 12 ans mais me faisait tout de même plus penser à une jeune fille de 15. (pitié, ne me dites pas que dans un an mon fils sera ainsi !) Une question de maturité sans doute (oui, et puis ce n'est qu'un personnage mais toutefois il est important qu'il soit crédible), peut-être également une différence de l'urbaine face à mon petit campagnard... bref, je ne retrouvais pas mon fils et j'en éprouvais une pointe de déception... Par contre, là où la précocité m'a semblé très bien menée, c'est concernant ce désir de la jeune fille de cacher son intelligence, elle dit régulièrement qu'elle ne veut pas passer "pour une boulette" et dans son but, elle s'est construit une identité plus proche de celle qu'elle pense convenir pour vivre au milieu des autres ados, un personnage où elle ne serait qu'un cocktail explosif et non une surdouée première de la classe. 
Des petits détails me chagrinaient toutefois ... Raoul, le jeune garçon de 18 ans, parle de l'air pollué de Paris... tout en fumant une cigarette. D'ailleurs, Mentine la maline avec son caractère bien trempé ne lui fait même pas remarquer que la cigarette est dangereuse pour la santé. Les passages sur l'élevage et la viande aussi m'ont paru un peu too much mais ça, c'est une question personnelle... 
Et puis, le déclic est intervenu. Peut-être qu'enfin j'étais plongée dans l'histoire ou j'avais accepté certains partis-pris de l'auteure ? Peu importe, je me suis enfin laissée guider par le récit et je l'ai apprécié à sa juste valeur. Le style, comme toujours avec Jo Witek, est pertinent (et impertinent !), le ton est frais, léger et l'humour abonde. J'ai pris plaisir surtout à découvrir cette amitié entre ce vieil homme bourru et cette gamine trop grande dans sa tête. J'ai aimé vivre avec Mentine ses moments de doutes, de colère et de tristesse. J'ai adoré sentir son ouverture vers les autres, la regarder évoluer et finalement grandir, mûrir. Le récit est également actuel, l'auteure fait mention de l'utilisation de drogue douce en cours de soirée. Mais des sujets plus sensibles sont abordés, homosexualité féminine avec la présence de deux femmes qui s'aiment et qui s'embrassent (et que Mentine aurait bien aimer observer dans l’intimité cachée derrière une vitre ^^) est clairement énoncée et j'ai trouvé ça génial. C'est à la fois simple et normal, et en même temps, l'enfant (Mentine) se pose des questions... C'est un passage d'une grande justesse
Il est également question d'engagement et de combat politique. De l'envie de s’investir dans une grande cause et de lutter pour cela. Dans cette continuité, Mentine évoque finalement son rapport à l'avenir. Image de soi, communication, autonomie, en arrière-plan de l'histoire on découvre finalement de nombreux questionnements des adolescents ce qui séduira les jeunes lecteurs. A découvrir dès 10 ans. A noter, un petit croquis de Margaux Motin représentant Mentine au gré de ses humeurs est inséré en préambule de chaque chapitre.   


L'avis de mon pré-ado : Mon 11 ans (quand on parle du loup !) a adoré ! Ce qu'il a préféré c'est le changement radical de Mentine, sa facilité finalement à devenir proche de la nature. L'histoire d'amour de la jeune fille pour un garçon plus âgé lui a également beaucoup plu. 

"[...] étiquetée dans la catégorie des enfants précoces et hypersensibles. J'étais une grosse tête au coeur d'artichaut !"

vendredi 23 janvier 2015

Elle s'appelait Tomoji

Elle s'appelait Tomoji
Jirô Taniguchi
Editions Rue de Sèvres
 Japon, début du XXe siècle, préfecture de Yamanashi. Là, au coeur d’un monde rural paisible dont les rythmes et les préoccupations paraissent à des années-lumière de la trépidante Tôkyô, l’existence de la jeune Tomoji, d’abord enfant puis adolescente et enfin jeune femme, suit les méandres d’une destinée humaine capricieuse, marquée par l’alternance des joies, des souffrances et des coups du sort. Elle connaîtra surtout, grâce à sa rencontre avec le séduisant Itô, le bonheur de l’éveil à l’amour, clé de son épanouissement futur.
À travers un portrait de femme d’une émouvante simplicité, Jirô Taniguchi évoque un Japon rural qu’il n’avait encore jamais traité, à l’orée du XXe siècle. Taniguchi met en scène la rencontre entre deux adolescents dans le Japon de l'entre-deux-guerres (1925 - 1932). Tomoji vit dans la campagne japonaise au nord du mont Fuji tandis que Fumiaki fait ses premiers pas de photographe à Tokyo. Taniguchi nous fait découvrir avec sa sensibilité habituelle ce qui va unir ces deux personnages. Cette histoire est inspirée de personnages réels qui fonderont par la suite une branche dérivée du bouddhisme.

Auteur reconnu en France, tout autant qu'au Japon, Jiro Taniguchi est l'un des maîtres incontestés du manga. Quartier Lointain, L'homme qui marche, Une année, Le journal de mon père, Blanco, Le sommet des dieux, Un zoo en hiver... je ne compte plus les séries issues de sa plume que j'ai lu. 
Chaque sortie s'annonce comme une fête et c'est avec délice que j'ai plongé dans Elle s'appelait Tomoji
Comme l'ensemble de son travail en France, ce manga a été publié dans le sens de lecture occidentale. Il bénéficie en prime d'une superbe édition avec un grand format. L'histoire commence par quatre pages en couleurs pleines de douceur. La suite se décline dans le noir et blanc des BD japonaises mais le récit est quelques fois ponctué à nouveau par des pages aux illustrations colorées. 

Le style de Jirô Taniguchi nous éblouit encore une fois. Les traits sont précis, les personnages nets et expressifs s'animent sur des fonds travaillés mais fondus dans l'image un peu comme des photos de portraits avec un fond de profondeur

Le récit est basé sur le parcours vrai d'un couple, Fumiaki Ito et Tomoji Uchida. Ensemble, ils fondèrent un mouvement religieux parallèle au bouddhisme. Tomoji fût ainsi la première femme nommée grand officier d'un temple. Dans Elle s'appelait Tomoji, l'auteur commence son histoire en 1925. On y découvre l'héroïne marchant dans la campagne. En parallèle, un jeune homme, cousin de Tomoji, arrive dans le village pour prendre en photo la grand-mère de la jeune fille. Puis le récit nous projette en 1912, le jour de la naissance de Tomoji. Le lecteur y découvre sa famille. Après quelques années de vie familiale des plus heureuses, la roue va tourner et les événements malheureux s'enchaînent. Décès du père, abandon de la mère, pour Tomoji, son frère et sa jeune soeur le quotidien est loin d'être facile. 
"Après les difficultés il y a toujours quelque chose d'heureux qui arrive."
Fumiaki, son cousin, vit tout autrement. Il étudie l'anglais alors qu'au même moment Tomoji désherbe les rizières. 
Au fil du récit, l'auteur instaure un compte à rebours, le temps qui sépare la rencontre de Fumiaki et Tomoji...
Un récit plein de délicatesse et de sensibilité où l'amour familial et la persévérance sont les maîtres mots. Une plongée dans le Japon du début du XXè qui saura intéresser et toucher les lecteurs adolescents et adultes. 




mardi 25 novembre 2014

Le pays où quelqu'un nous attend

Le pays où quelqu'un nous attend
Gisèle Bienne
Editions L'école des Loisirs

Lorsque la mère de Quentin et Fanny est hospitalisée afin d'être opérée du coeur, la vie de ses deux enfants basculent. Les voilà qui se retrouvent catapultés chez des amis de leur père, un couple sans enfants, Gilles et Jeanne. Ces derniers, paysans, prennent rapidement le frère et la soeur pour des ouvriers agricoles. Pire, les deux agriculteurs, profitent de cette présence sur la ferme pour prendre 5 jours de vacances. Un comble ! Commence alors une longue série de mensonges pour les enfants : devoir répondre au téléphone à leur père sans vendre la mèche comme le leur a demandé Gilles. Seuls dans la ferme, Quentin et Fanny sont vite rattrapés par la mélancolie. Le jeune garçon décide alors de les entraîner dans un road movie d'un genre particulier puisque les voici partis jusque dans les Ardennes, pays de leur mère, en... tracteur. 

Lu il y a presque deux mois, j'ai eu du mal à me mettre à la chronique de ce roman. Si je l'ai aimé, j'ai également trouvé l'ambiance très étrange pour un livre pour enfants. L'auteur s'attarde sur les paysages, la nature et sa plume se révèle très poétique. Au coeur du récit, il y a, pour moi, la rencontre de Fanny avec un homme de la terre, qui se décrit d'ailleurs lui-même comme un indien, Stanislas, vieil homme toujours en résistance. L'amitié sincère entre cette fillette un peu paumée et cet homme bien ancré dans son pays, qui va donc ainsi lui-même devenir un point d'ancrage pour l'enfant, est fort belle. Quant au reste du récit, il est fait d'adultes irresponsables qui peuvent mettre mal à l'aise chaque parent, et de la complexe relation au sein d'une fratrie. Quentin et Fanny vont être profondément changés par cette expérience, de quoi rendre nostalgique les adultes-lecteurs, et donner des envies de liberté aux plus jeunes. 

Morceaux choisis : 

"C'est un été auquel je ne comprends d'ailleurs pas grand-chose. Un été qui ne ressemble à aucun autre. Un été au coeur du coeur de la maladie de maman, au coeur de l'ombre, au coeur du soleil. Un été où je suis en liberté et où je suis enfermée. Un été où je suis dans mon droit et pourtant je me sens fautive. C'est un été compliqué."

"La boucle est bouclée, viendra bientôt le moment où il faudra dénouer le noeud."


"Elle est une enfant sans père et les enfants sans père voyagent beaucoup dans leur tête."


"Les adultes ne se comportent pas mieux que les enfants dans bien des cas."

dimanche 2 février 2014

Les 4 saisons de la famille Souris

Les 4 saisons de la famille Souris
Kazuo Iwamura
Editions L'école des Loisirs
Le recueil commence par une très belle préface d'Arthur Hubschmid (directeur éditorial de l'école des loisirs) dans laquelle chaque lecteur amateur de l'oeuvre d'Iwamura (ou même plus généralement de la culture japonaise), se retrouvera, ou qui donnera encore plus envie de tourner les pages à ceux qui découvrent ce grand auteur.

Les 4 saisons de la famille souris est donc un recueil de 4 histoires de la famille Souris déjà parues séparément chez l'école des loisirs, à savoir "Une nouvelle maison pour la famille Souris", 'L'hiver de la famille Souris", "Le Pique-Nique de la Famille Souris" et enfin "Le petit déjeuner de la famille Souris". Benjamin, le narrateur, nous présente sa famille. Il vit avec ses grands-parents, ses parents et ses neuf frères et soeurs, lui est le dixième, le plus petit
L'histoire commence dans la forêt, sous le firmament de l'automne, au milieu des feuilles rouges et jaunes. 
Les 14 souris recherchent un endroit où installer leur nouvelle maison. En hiver, il fait chaud dans la maison, chacun s'active, soit à jouer, soit à cuisiner, mais dehors la neige est tombée, l'occasion d'une joyeuse partie de luge. Le printemps donne envie à chacun de se promener et aussi de faire un bon pique-nique. Les voilà partis, en chemin ils feront de belles découvertes. 
L'été est là, les framboises sont mûres, elles feront de délicieux pains fourrés que chacun dégustera avec plaisir au déjeuner. 
Il y a peu de texte (personnellement je préfère), les histoires peuvent donc être racontée en guise d'histoire du soir et sont adaptées aux tout-petits. Par contre, sur les images, les parents et les enfants peuvent dire une multitude de choses ! 
Si pour chaque double page, il n'y a qu'une seule phrase, l'illustration en dit beaucoup plus et de nombreux détails sont à relever. Les dessins sont sublimes, impressionnants de finesse et de précision. Un autre aspect est remarquable, l'expressivité des personnages et comment à travers 14 souris, on arrive à différencier chacune, leurs traits et leurs habits, permettant véritablement de savoir qui est qui. 
Les couleurs sont douces, tendres, à l'image de cette vie de famille. Les couleurs suivent également avec netteté le fil des saisons et des lieux. De l'ocre pour l'automne, du jaune très chaud pour l'ambiance feutrée de l'intérieur de la maison en hiver, du blanc qui contraste lors des glissades en luge, du jaune qui tire sur le vert pour le renouveau du printemps, et enfin un univers très lumineux pour l'été. 
Le livre "La famille Souris" est placé sous le signe de l'amour familial. Partage des tâches, complicité, attentions des uns des autres, finalement les lecteurs peuvent beaucoup s'y retrouver et en même temps on aimerait forcément voir cette constante sérénité chez soi. 
Je ne connaissais et n'avait que des petits formats, des Lutin Poche, et je dois dire que je suis enthousiasmée par ce très grand format qui rend encore plus justice aux merveilleux dessins. Quel plaisir de les voir ainsi mis en valeur par cette belle édition ! D'ailleurs cette édition luxueuse comporte une belle couverture cartonnée, une tranche tissée et un signet, ruban pour marquer la page où l'on s'arrête dans sa lecture. 
Il y a encore 8 autres albums de la famille Souris, j'espère que l'on aura la chance de voir édité deux autres recueils aussi magnifiques que celui-là !  
Un coup de coeur absolu, un album à avoir forcément dans vos bibliothèques, et à offrir aux enfants dès 3 ans

jeudi 13 juin 2013

Ça pousse comment ?

Ça pousse comment ? 
Gerda Muller
Editions L'école des loisirs
"Sophie est une petite fille de la ville, mais elle passe toutes ses vacances à la campagne, chez ses grands-parents. Ils ont un magnifique potager, où poussent toutes sortes de légumes. Cette année Sophie a la chance d'avoir des outils juste à sa taille, et va pour la première fois faire ses propres plantations. Ses grands-parents lui apprennent les gestes précis et les soins attentifs du bon jardinier. Il faut penser à tout, à désherber et aérer la terre, à protéger les petites bêtes utiles et à se méfier de la piéride du chou et des doryphores ! Au fil des saisons, Sophie découvre les mystères des plantes et les insoupçonnables secrets de la vie sous terre."

A travers une vraie histoire, je veux dire par là qu'il y a une fiction avec un personnage principal que l'on suit et que ce n'est pas seulement un livre documentaire, on part à  la découverte du potager. L'album fait la part belle à la nature, à la flore comme à la faune. Par exemple, sur presque chaque double page, on a la présence d'au moins un oiseau, on reconnaît des mésanges bleus, des tourterelles, un rouge-gorge, des hirondelles, des moineaux et des merles.
Le texte met en valeur les relations d'une petite fille avec ses grands-parents
On sent très bien toute la complicité qu'il peut y avoir entre les générations et avec quelle tendresse il y a une transmission des connaissances. 

Le récit est entouré de compléments d'informations et d'illustrations. 
L'auteure entraîne également ses jeunes lecteurs au fil des saisons et au rythme des heures. On a le jardin au printemps, à l'été, à l'automne et à l'hiver avec à chaque fois de nouvelles découvertes et de façon simple ce qu'il y a à faire pour le jardinier. L'auteure n'oublie pas de distiller quelques idées écolos telle que l'utilisation d'un composteur et la création de maisons pour les insectes. 
Il y a même le jardin mais de nuit ! Une double page très chouette où l'enfant peut imaginer ce qu'il se passe. Le chat qui rôde, la souris qui pointe son nez, et oh les petits mulots qui vont essayer de grignoter les légumes ! On s'y croirait !

Les petits citadins trouveront dans cet album également une partie pour eux avec le mini-potager pour la ville. Voilà une illustration qui va donner envie à bien des enfants de faire pousser des capucines et des tomates cerise sur leurs balcons !
 Les illustrations de Gerda Muller ont le côté rétro que nous leur connaissons bien. Elles sont très belles, douces, fines et très réalistes. Cet album a le charme de l'ancien et pourtant à l'heure des problématiques écologiques (sans compter économiques) il est tout ce qu'il y a de plus moderne. J'y retrouve à la fois ce que j'ai vécu enfant et ce que je transmets à mes propres enfants. Plus qu'un coup de coeur, c'est un album qu'il faut avoir et partager. 
pages de garde


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